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Tableaux du Yémen
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  • A l'heure où l'Institut du monde arabe dédie une nouvelle exposition au Yémen, les éditions Arthaud publient un livre exceptionnel.
    Véritable déclaration d'amour aux architectes anonymes, le dernier ouvrages de Pascal et Maria Maréchaux établit des correspondances passionnantes entre l'homme et le bâti. Un reportage placé sous le signe du mimétisme.
    Francis Rambert. D'Architectures. Décembre 1997.

    Le Yémen offre au regard quelques-uns des plus beaux paysages urbains qui soient. L'accord entre l'homme et une nature souvent rude y est étonnant, presque mimétique. Avec des moyens rudimentaires, mais une science consommée de l'inscription dans le paysage et un sens du décor extrêmement élaboré, les paysans-bâtisseurs ne sont pas des architectes virtuoses dans leur seule capitale Sanaa. Partout, jusque dans les coins les moins accessibles aux voyageurs, leurs maisons sont des merveilles de beauté et d'ingéniosité. Entre montagnes escarpées et vallées profondes, désert et côtes humides, Pascal et Maria Maréchaux parcourent le Yémen en tous ses depuis plus de vingt ans, avec la passion et l’œil averti de l'architecte et du photographe. Des fameux palais de boue séchée de douze étages du Hadramawt aux buttes garnies d'assiettes émaillées de la plaines de la Tihama et aux forteresses de pierres sèches des hauts plateaux, le livre qu'ils signent ensemble recense cette étonnante moisson architecturale. Les maisons-tours yéménites ne s'harmonisent pas seulement avec l'étagement des cultures en terrasses, les accords de terre et de chaux et les formes des végétaux. Elles sont aussi le prolongement organique du corps de leurs habitants, soulignant l'arcature de leurs fenêtres de la même manière qui le maquillage des femmes rehausse leurs arcades sourcilières. Elles sont un vêtement qui répète et amplifie sur ses façades les motifs brodés des robes, un blason où tout devient symbole spirituel ou signe une réussite sociale, ou encore un livre d'images où l'on dessine parfois (histoire de se montrer moderne) des avions, des machines à coudre ou des boites de Coca ; où l'on représente (histoire de la protéger) des animaux de garde ou des soldats en armes. Enfin, ces maisons sont des tableaux où chaque bâtisseur donne libre cours à sa fantaisie créatrice avec, sur les construction récentes, une palette de couleurs toujours plus vives et exubérantes, qui disent la fragilité d'un monde où, après des siècles durant lesquels ses montagnes l'ont protégé des influences extérieures, tout se met à bouger et à changer.
    Françoise Jaunin. 24 heures. 20 déc. 1997

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